Compte rendu libre au lab

Ce samedi, j’ai eu le plaisir d’animer, dans le cadre de Libre au lab, un échange consacré à la gestion de projets de code communautaire au sein d’un lieu atypique, que je vous encourage vivement à découvrir : l’Electrolab.

Un lieu singulier à la croisée des mondes, où s’entremêlent multiples disciplines, technologies et univers culturels; un lieu qui offre un cadre propice à l’expérimentation, à la coopération et à la diffusion de connaissances.

 Au-delà de la richesse des échanges, qu’il s’agisse de discussions autour de FreeBSD, des IMSI catchers ou de Git,  cette rencontre a permis d’initier des discussions plus structurantes portant sur les enjeux sociopolitiques inhérents aux dynamiques du logiciel libre et de l’open source. De fait, plusieurs points sonnent comme des évidences du point de vue qui est le nôtre, à travers la philosophie libriste, qui ouvre des horizons particulièrement féconds:

  • Le mouvement du logiciel libre et open source représente un contrepoids aux dérives du capitalisme numérique, en promouvant un modèle fondé sur la transparence, le partage et la redistribution des savoirs technologiques.
  • Il incarne une forme d’engagement concret pour une réappropriation collective des outils numériques, dans une logique d’émancipation citoyenne.
  • Il s’oppose à la privatisation du savoir et à la marchandisation de l’information, affirmant ainsi une volonté de résistance face à l’hégémonie technologique de certains acteurs économiques.
  • Il constitue un levier politique pour remettre en question les logiques dominantes de l’innovation et de la technologie (cc LeMoutonNumérique), notamment le mythe d’une croissance technologique infinie.

La réalité actuelle de l’écosystème se révèle plus nuancée, laissant entrevoir certaines dérives préoccupantes:

  • Une part significative des contributions provient désormais de développeurs employés par de grandes entreprises technologiques (Google, Microsoft, IBM, Red Hat, etc.), qui influence fortement la capacité des communautés à se maintenir indépendantes.
  • Le haut niveau d’expertise requis tend à écarter les néophytes et renforce une forme d’élitisme technique, tout en posant des enjeux de soutenabilité liés au temps disponible hors du salariat et à l’épuisement que nécessite cette forme d’engagement.
  • Les entreprises intègrent l’open source dans leurs stratégies économiques, cherchant à en tirer des avantages (réduction des coûts, accélération de l’innovation), au détriment des principes fondateurs.
  • Ce phénomène peut conduire à une instrumentalisation commerciale du libre, que l’on pourrait qualifier d’open washing.
  • Le libre subit le contexte sociétal, qu’il s’agisse des politiques publiques, des choix institutionnels (Polytechnique persiste et signe dans son choix de Microsoft 365AWS and BSI sign cooperation agreement to advance cybersecurity and digital sovereignty in Germany and the EU).
  • Une fracture numérique qui s’inscrit au cœur des mécanismes d’asservissement des citoyens, réduits au rôle de simples consommateurs de contenus et d’applications, sans en maîtriser les fondements techniques ni en comprendre les enjeux. (LLMs, réseaux sociaux…)
  • Une perte de sens et de capacité d’action de potentiels contributeurs face à l’ampleur et à la complexité des enjeux sociétaux et environnementaux.

J’ose espérer que la portée de ces échanges saura résonner auprès des plus jeunes qui nous écoutaient.

1 commentaire

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